Le site de Paris

  



 Le relief de Paris ^
La carte avec les voies actuelles cliquez  ici

Le site de Paris se présente comme un vaste amphithéâtre formé, au nord, par les hauteurs de Chaillot (65-70 m), Montmartre et Belleville (128 m) qui dominent une plaine marécageuse à l'altitude de 30 à 34 m entre la Seine et un ancien bras du fleuve qui  longeait le bas des collines (1). 

Sur la rive gauche, le plateau descend vers le nord en pente douce avec une pente plus accentuée entre la Montagne Sainte-Geneviève et la Seine. Ce plateau est échancré par la Bièvre (rivière des Castors?).     

La traversée du fleuve est facilitée par la présence d'une île et de monceaux insubmersibles : Saint-Gervais - Saint-Jacques et Saint Germain-l'Auxerrois au nord, Saint-Séverin au sud.

 

Au fil de l'histoire, d'importants travaux de drainage et de terrassement ont permis d'assainir la partie marécageuse pour la mettre en cultures avant qu'elle ne s'urbanise et pour mettre la ville à l'abri des inondations courantes ou pour adoucir les pentes : 6 à 8 mètres de remblais ont ainsi été rajoutés sur les îles de la Cité et Saint-Louis alors que la butte de l'Etoile a été arasée de 5 m.

Des buttes artificielles, de gravas, de décharges et d'ordures ménagères, se sont aussi formées, au Moyen Age, aux limites de la ville, avant d'être arasées et construites telles la butte Saint-Roch ou butte des Moulins, la butte de Bonne-Nouvelle ou la butte Coypeau (aujourd'hui le labyrinthe du Jardin des Plantes). 


La Seine

La Seine, plus large et moins profonde qu'actuellement, a été petit à petit bordée de quais en maçonnerie (le premier, actuel quai de Conti, au début du XIVe s), souvent en forts remblais (5 - 6 m) par rapport à la berge d'origine.
Ses crues emportent à plusieurs reprises les ponts au Moyen Age ; les plus exceptionnelles ont lieu en 1497,1658 (la plus forte connue),1740, 1802 et 1910.

 




 

Les îles, les affluents

Outre l’île de la Cité, la plus vaste, qui était sous les Romains plus petite qu’aujourd’hui, 8 à 10 ha au lieu de 17, le fleuve comportait trois îles et quelques îlots en aval de la Cité. L’île Saint-Louis, coupée en deux par un canal au XIIIe siècle en cohérence avec la construction de l’enceinte de Philippe Auguste, s’appelait alors Notre-Dame ; déserte, elle servait de pâturage et n’était fréquentée que par des lavandières et des pêcheurs. Elle est bâtie au XVIIe s.  En amont, l’île Louviers occupait l’espace entre le boulevard Morland et la Seine. Elle est utilisée comme dépôt de bois avant d’être rattachée à la rive droite en 1843.  En aval, entre la Seine et la rue de l’Université, l’île Maquerelle, étroite et très allongée, servait au « déchirage » des bateaux qui alimentaient la ville depuis l’amont et ne pouvaient remonter le courant.

Les affluents de la Seine ont tous disparu dans la capitale. La Bièvre a sa source dans les Yvelines, au sud de Versailles. Dans Paris, elle se divise en plusieurs bras, alimente des étangs avant de se jeter dans la Seine. Au XIIe s., les moines de Saint-Victor détournent son cours pour alimenter des moulins. A partir du XIVe s. les tanneurs et les teinturiers utilisent son eau. Très fortement polluée, elle est couverte par étapes au XIXe s. Par ailleurs, deux rus descendaient des pentes de Belleville et de Ménilmontant, Le ru de Ménilmontant alimente le Grand Egout.


Le sous-sol

Le sous-sol parisien recèle des ressources importantes de gypse et de calcaire, très utilisées pour la construction. L’exploitation du gypse à ciel ouvert ou dans des carrières souterraines sur les pentes de Montmartre et de Belleville - Ménilmontant, a fortement marqué les abords de la ville ; après fermeture, les carrières ont souvent servi de voirie (décharges d'ordures et de chevaux morts, notamment aux Buttes-Chaumont). En 1667, un an après le grand incendie de Londres, une ordonnance enjoint aux propriétaires d’enduire de plâtre les pans de bois des maisons, ce qui permet de réduire les risques d’incendie..

                   Anciennes carrières de ParisEmile Gérards. 1908. BnF >

Les carrières de calcaire situées rive gauche et sur la colline de Chaillot fournissent pierre de taille et moellons pour la construction. Elles représentent plus de 850 hectares soit 1/10e de la superficie de la ville. Certaines servent d’ossuaires lors de la suppression des cimetières intra-muros à la fin du XVIIIe, toutes sont remblayées et consolidées au XIXe et au début du XXe siècle.



  
Plâtrières à Clignancourt ^     
 < Le four à plâtre Th. Géricault. Louvre


Voies et chemins

Comme toute grande ville Paris constitue un nœud routier, un carrefour de voies qui, à partir de la traversée du fleuve la relie à toutes les villes importantes du royaume mais aussi, plus localement, aux villages voisins.
La plupart de ces voies n'ont été que des chemins ruraux avant que l'urbanisation ne les atteigne.  Les plus importantes et les plus anciennes relient Paris à Senlis et à Orléans (rues Saint-Martin et Saint-Jacques), Paris à Saint-Denis et à Chartres (rues Saint-Denis et de la Harpe, maintenant boulevard Saint-Michel) et Paris à Rouen et à Meaux ((rues saint-Honoré et Saint-Antoine). Deux autres chemins mènent à Evreux (rues Saint-André-des-Arts, du Four et de Sèvres) et vers Sens et Lyon (rue Mouffetard, avenues des Gobelins et d’Italie). 

L’axe rues Saint-Maur – Léon Frot et des Boulets relie les deux abbayes de Saint-Maur et de Saint-Denis en évitant la zone marécageuse. 

Ces voies "naturelles", par opposition aux voies de lotissement et aux voies stratégiques (issues des enceintes successives) ou de prestiges (destinées à mettre en valeur un monument ou l'entrée de la ville - cf. la fabrique de la ville), constituent la trame du développement de la ville sur laquelle les autres voies se sont greffées    

La carte ci-contre montre comment ce réseau a tenu compte des contraintes naturelles (pentes, zones inondables).

Voies anciennes et chemins ruraux >


                   

(1) Son tracé suivait le bassin de l'Arsenal et les boulevards jusqu'à la place de la République, puis les rues du Château-d'Eau, des Petites-Ecuries, Richier, de Provence, de la Pépinière, La Boétie, Marbeuf et rejoignait la Seine place de l'Alma. Alimenté par le ru de Ménilmontant un écoulement subsistait vers l'ouest à partir de la place de la République ; au Moyen-Age il devint le Grand Egout.
 


Liens

Sur le site de la ville de Paris : L'Inspection Générale des Carrières.
                                                 Le plan de prévention des risques naturels du PLU.

Sources

Alain Clément et Gilles Thomas, Atlas du Paris Souterrain — La doublure sombre de la ville lumière, Parigramme, 2001 

Roblin (Michel), Quand Paris était à la campagne: Origines rurales et urbaines des vingt arrondissements. Paris, éd. Picard, 1985.

Rouleau (Bernard), Le tracé des rues de Paris: Formation, typologie, fonctions… Paris, éd. CNRS, 1988.