L'île de la Cité et le centre de Paris

 


Du Moyen Age à la Révolution

L’île de la Cité constitue le centre politique et religieux de la ville. A l’ouest, le Palais, construit à l’emplacement de la résidence du gouverneur romain, est résidence royale jusqu’à son abandon au Parlement en 1431. A l’est, la cathédrale et le groupe épiscopal : Saint-Etienne puis Notre-Dame, le baptistère, Saint-Jean-le-Rond, le palais épiscopal et, au nord, le quartier des chanoines – le Cloître Notre-Dame. 

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     1150 >
 

L’espace urbain de l’île se structure sans doute fortement à l’abri du rempart du IVe s. lors des invasions normandes (de 845 au début du Xe s.) lorsque, périodiquement, elle doit accueillir l’ensemble des habitants de la ville ; les églises Saint-Germain-le-Vieux et Sainte-Geneviève-des Ardents abritent alors les précieuses reliques des deux abbayes de la rive gauche.

La partie centrale de l’île est occupée par un réseau très dense de petites rues et d’églises autour de la rue de la Juiverie, l’ancien cardo romain. Elle abrite le premier quartier juif de Paris mentionné en 1119. La synagogue est transformée en église, Sainte-Madeleine, en 1183 lors de la première expulsion des Juifs. Avec la démolition du rempart au début du XIIe s. des maisons sont construites directement sur les rives. L'île posséde deux ports : le port Saint-Landry au nord et le port Notre-Dame et un marché, le marché Palu, au débouché du Petit Pont, déplacé vers l'ouest au XVIe s., le Marché Neuf.

Sur la traversée de la Seine voir La Seine, les ponts et les ports.

  < 1300     











      1450 >
 

Sur la rive droite, centre de la vie économique et marchande de la ville, le Châtelet abrite le prévôt de Paris, fonctionnaire royal depuis saint-Louis, en charge de la police, alors que l'administration municipale, prévôt des marchands et échevins, d'abord située au Châtelet dans le parloir aux bourgeois, est transférée place de Grève dans la maison aux piliers en 1357 devenu Hôtel de Ville lors de sa reconstruction au XVIe s.

La rive gauche accueille entre la Seine, le rempart de Philippe Auguste et l’hôtel de Nesle de nombreux hôtels aristocratiques et ecclésiastiques. 

Le tissu urbain de la partie la plus centrale de la ville - île de la Cité, rive droite de Saint Germain-l’Auxerrois à la place de Grève, paroisses de Saint Séverin et Saint André-des-Arts sur la rive gauche – est fixé au XIVe siècle et n’évolue, jusqu'à la Révolution, que sur ses franges. 


< Plan Truschet et Hoyaux vers 1550

  

^ Le tissu médiéval de l'île de la Cité sur le Plan Vasserot début du XIXe s. (document ALPAGE) 

 < 1700










     
      1790 > 
 

A l’ouest, la construction du Pont Neuf (achevé en 1607), l’aménagement de la place Dauphine et l’ouverture la même année des rues Dauphine et Christine, entraînent la densification de ce secteur de la rive gauche. Les hôtels médiévaux des évêques de Laon, de Lodève, d’Arras, de Chartres puis de Besançon sont rachetés et reconstruits aux XVIe et XVIIe s. L’hôtel de Laon, devenu hôtel de Savoie-Nemours fin du XVIe s. et reconstruit, est loti en 1670, la rue de Savoie est ouverte peu après sur son emplacement.

Le Petit-Pont et l'Hôtel-Dieu après l'incendie de 1718, J. B. Oudry, Carnavalet  cliquez ici


Le Palais

Résidence du roi et siège de son administration au Moyen Age, puis siège du Parlement, le Palais a été constamment agrandi et modifié. Philippe Auguste, Saint-Louis qui fait construire la Sainte-Chapelle pour abriter les reliques de la Passion du Christ, et surtout Philippe le Bel font du Palais un ensemble résidentiel et administratif qui atteint son apogée au XIVe s. Outre la Sainte-Chapelle, les édifices les plus remarquables sont la grosse tour, construite au XIIe s. pour abriter le trésor du roi, la Grand-Salle (1301-1317), grandiose chef d’œuvre de 70m sur 27m qui disparaîtra dans un incendie en 1618 et le logis du roi qui donne à l’ouest sur les jardins.
Complètent l’ensemble : au nord, en bordure de Seine, l’administration judiciaire, au sud la chambre des Comptes et celle des Monnaies ainsi que les habitations des chanoines de la Sainte-Chapelle.
Au début du XVIIe s, Salomon de Brosse reconstruit la Gand-Salle, la chambre des comptes est rebâtie par Jacques V Gabriel suite à un incendie en 1737. En 1776 un nouvel incendie ravage la galerie mercière. D’importants travaux modifient en particulier l’entrée principale du Palais.
Le Palais est, presque, entièrement reconstruit au XIXe s., les travaux dureront jusqu’en 1914 (façade sur le quai des Orfèvres).

Le Palais de Justice sur le plan Delagrive 1754  cliquez ici 



Notre-Dame

Notre-Dame et L'Hôtel-Dieu sur le plan Turgot 1739


Une première basilique dédiée à Saint-Etienne est construite à l’emplacement du parvis et des premières travées de la cathédrale actuelle à une date indéterminée (IVe - VIe s.) avec un baptistère (Saint-Jean-le-Rond). Une première église Notre-Dame (IXe s.?) s’élève plus à l’est. L’actuelle cathédrale est commencée vers 1160 à l’initiative de l’évêque Maurice de Sully selon la manière gothique, alors toute nouvelle (à l’époque on parlait d’opus francigenum, mot à mot « œuvre française »). Avec 5 nefs, 120m de long, des voutes à 35m de hauteur, c’est un édifice considérable qui entraîne la démolition des édifices précédents. Le chœur est achevé en 1177, la nef et les tours au début du XIIIe ; les parties hautes sont alors reprises pour agrandir les fenêtres de même que l’on construit de nouvelles façades avec deux grandes roses pour le transept.
Au sud de la cathédrale le palais épiscopal est entièrement reconstruit par Maurice de Sully. Il est complété en 1687 par une aile palatiale perpendiculaire.
Au nord de la cathédrale, le cloître Notre-Dame, quartier clos de murs, abrite les maisons des chanoines.
 

La pointe de l'île au XVIIIe, gravure anonyme cliquez ici

Le parvis de Notre-Dame, beaucoup plus petit qu'aujourd'hui, était relié à la rue de la Juiverie par la rue neuve Notre-Dame, ouverte dans l'axe de la cathédrale par Maurice de Sully pour alimenter le chantier. Il donnait accès à l'Hôtel-Dieu et à l'église Saint-Christophe, démolie en 1747 pour la reconstruction de l'hospice des Enfants Trouvés, oeuvre de G. Boffrand, démoli en 1877 (l'hospice avant sa démolition).


L’Hôtel-Dieu 

Un premier hôpital des pauvres situé sur le parvis de Notre-Dame est démoli en 1153-1164 lors de la reconstruction de la cathédrale. Le nouvel hôpital, qui prend le nom d’Hôtel-Dieu sous Saint-Louis, s’étend entre la cathédrale et le petit pont le long de la Seine. Agrandi à plusieurs reprises jusqu’au XVIIIe s., il comporte de grandes salles pour les malades, trois chapelles, des logements des frères et sœurs qui s’occupent des malades ; cuisines, panneterie, lavanderie donnent sur le fleuve dans de vastes caves voutées, les cagnards. Au début du XVIIe s., il est augmenté d’une annexe sur la rive gauche, la salle Saint-Charles, étendue en 1714-1719 jusqu’au petit Châtelet. Cette annexe est reliée par le pont au Double sur lequel est construite la salle Saint-Cosme, puis en 1651 par un second pont, le pont Saint-Charles. 

Ravagé à plusieurs reprises par des incendies au XVIIIe s., il est démoli en 1878, après la construction de l’Hôtel-Dieu actuel.

Notre-Dame, le palais épiscopal et l’Hôtel-Dieu, I. Sylvestre, Musée Condé.

Hôtel-Dieu, Pont Notre-Dame, Petit Châtelet fin XVIIIe


Le XIXe siècle

 < 1850











      2000 > 
 

Suite à la Révolution, la plupart des églises de la Cité, Saint Jacques-de-la Boucherie, Saint Jean-en-Grève et Saint André-des-Arts sont démolies.

Sous la Monarchie de Juillet, le Préfet Rambuteau ouvre la rue d’Arcole (1837) reliant le parvis de Notre-Dame au pont d’Arcole (en fait une passerelle pour les piétons), concomitamment à la reconstruction de l’Hôtel de Ville, ainsi que la rue de Constantine dans la perspective du Palais de Justice. 
De 1845 à 1864, Viollet-le-Duc et Lassus restaurent Notre-Dame et construisent la sacristie et le presbytère, le palais épiscopal, incendié en 1831, ayant été démoli.



1855

1864
L'île de la Cité avant l'intervention d'Haussmann

Mais les transformations les plus radicales sont dues au Second Empire et au Préfet Haussmann. Dans l’île de la Cité l’habitation est éliminée presque complètement pour n’en faire qu’un ensemble de bâtiments publics, traversé de larges boulevards.
D’ouest en est : agrandissement du Palais de Justice, boulevard du Palais, caserne de la Cité (préfecture de police), Tribunal de Commerce, Hôtel-Dieu, rue de Lutèce, rue d’Arcole, parvis de Notre-Dame, rue du cloître Notre-Dame.

La même logique se retrouve sur la rive droite (avenue Victoria, rue de Rivoli, place du Châtelet) et, à un moindre degré sur la rive gauche (place et boulevard Saint-Michel, rue Danton, rue Lagrange…)

Ne subsistent que la place Dauphine, amputée de son côté est, la rue Chanoinesse et le quartier Saint André des Arts.


Voir aussi

L'église au Moyen Age, notamment les paroisses. L'urbanisme d'Henri IV pour la place et la rue Dauphine. 


Liens externes


L‘île de la Cité vers 1550 en 3 D, reconstitution virtuelle, Grez Productions. Quelques images : 1, 2, 3, 4, 5


Sources

Plan Delagrive l'Ile de la Cité 1754


Illustration du bandeau : les cagnards de l'Hôtel-Dieu vers 1840 © Roger-Viollet