Vaugirard 

 


Vaugirard est un village-rue sur la route d’Issy et de Meudon, implanté en limite de zone inondable marquée par la rue Lecourbe.

D’abord sans doute un lieu-dit « Vauboitron » qui dépend de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, un village se développe à partir du XIIIe siècle autour d’une maison construite par l’abbé de St Germain-des-Près, Girard de Moret, siège d’une seigneurie ecclésiastique. Le village prend alors le nom de Vaugirard, le val de Girard. A côté du domaine ecclésiastique, une seigneurie laïque se développe, propriété au XVIIIe s. de la famille Angran d’Alleray.


  < 1700            
















                   1790 >
 

Vaugirard est, jusqu’à la Restauration, un village agricole : terres de labours dans la plaine de Grenelle jusqu’à la Seine (exploitées par la ferme de Grenelle), maraîchage autour du village et vers Paris, vigne sur les pentes au sud de la grande rue. Vaugirard comprend quelques exploitations de sable et d’argile (brique de Vaugirard) en plaine, et, au sud-est du village des carrières de calcaire à ciel ouvert. Vers 1777, une manufacture de produits chimiques s’installe au moulin de Javel, en bord de Seine où, à côté d’une guinguette, un bac permettait d’aller à Auteuil.
Sous l’Empire, d’autres usines chimiques se créent le long de la Seine. En 1794, la poudrerie installée au château de Grennelle explose faisant plus de mille morts et blessés.

Le village de Vaugirard, qui croît de 700 habitants à près de 2 000 au cours du XVIIIe, est surtout marqué par de belles résidences avec jardins : maisons de campagne des Théatins, des prêtres de Saint-Sulpice, des petits Augustins, du séminaire des Trente-Trois, château des marquis de Feuquières.

 
Le village de Vaugirard en 1743. B Borde, Archives Nationales.
      
      Les communes avant 1860 

Le plan de 1743 montre bien le caractère du village, l’alignement des maisons sur rue, les exploitations agricoles disposées autour d’une cour, les maisons de plaisance avec grands jardins et, parfois, couverture en ardoises. L’enceinte des Fermiers Généraux entraîne un développement de faubourgs, essentiellement rue Lecourbe et rue de la Croix Nivert (barrières de Sèvres et de l’Ecole Militaire).

Si le village subit peu d’évolutions dans la première moitié du XIXe siècle, il n’en va pas de même des grands domaines ecclésiastiques.

Dans les années 1830, le collège de l’Immaculée Conception occupe la maison de campagne des prêtres de Saint-Sulpice puis le domaine des Théatins ; il est remplacé en 1852 par un grand collège de Jésuites. De 1830 à 1850, l’ancienne maison de campagne du petit séminaire de Saint-Sulpice et le domaine mitoyen (ex domaine de Maupeou) sont lotis. Sur la partie nord, la commune aménage une place (actuelle place Adolphe Chérioux) qui accueille la Mairie de Vaugirard, une école et un marché. Au sud, le restant de la propriété, donnée en 1832 par l’abbé Groult d’Arcy à la commune, est bâti autour d’une nouvelle église.

Parallèlement, l’habitat se diffuse de façon spontanée le long des voies et chemins (rue Lecourbe, rue de la Croix-Nivert), cependant que la vigne disparaît et que les labours sont remplacés par des jardins maraîchers.

Mais la grande opération de cette première moitié du siècle, c’est le lotissement de la plaine de Grenelle. Lancé en 1825, ce lotissement, se développe rapidement, de façon largement autonome par rapport à Vaugirard. La commune de Grenelle est créée en 1830. Cf. le lotissement de Grenelle.

De 1806 à 1856, la population de Vaugirard passe de 2 600 à 26 223 habitants.


 < 1850       
















                  1900 > 
 

De 1850 à 1900, Vaugirard, qui forme avec Grenelle et une partie d’Issy et de Vanves le XVe arrondissement depuis l’annexion de 1860, se densifie et s’équipe. De grandes emprises sont occupées par les installations du chemin de fer de Montparnasse, une usine à gaz (entre les rues Lecourbe et Mademoiselle), les abattoirs de Vaugirard (1894-1897 en remplacement de celui de Grenelle), des usines et des institutions religieuses (Orphelinats de Saint-Vincent-de-Paul et Saint-Charles, Dames de la Croix, collège des Jésuites…) dont la plupart disparaissent en 1901.

Le XVarrondissement ne comporte aucune percée réalisée par Haussmann. La rue de la Convention, partie de la rocade de petite banlieue, ne sera réalisée qu’en 1888-1896. La mairie du XVe est reconstruite rue Péclet en 1873-1876, mais la place Adolphe Chérioux et la nouvelle église Saint-Lambert datent de la commune de Vaugirard.
L'abattoir de Vaugirard en 1900.


                                   Les abattoirs de Vaugirard vers 1900 >


Quelques rues nouvelles sont ouvertes dans le dernier quart du siècle : prolongement de la rue de la Croix -Nivert entre les rues Lecoube et de Vaugirard en 1875, rue Dutot entre la place d’Alleray et le boulevard Pasteur entre 1876 et 1883, rue de Cronstadt (1895), avenue Félix Faure (1896) - voir également Grenelle.

L’essentiel de l’urbanisation se fait, de façon spontanée, le long des voies existantes et des chemins ruraux empierrés et élargis, entre lesquels viennent s’insérer quelques lotissements : rues Bargue, Plumet et Mathurin Régnier (1878), rues  Eugène Gibez et Leriche (1883), rue Robert Fleury (1889), rue Ernest Renan (1892). Le plus notable de ces lotissements est le village de Villafranca (ou de l’Avenir) réalisé par Alexandre Chauvelot (1850 -1860) : rue Fizeau (alors rue de Nice-la-frontière), rue de Chambéry, rue de Villafranca, rue Chauvelot ; il sera coupé en deux parties par le chemin de fer de petite Ceinture.

En 1900 il reste encore des terrains cultivés au sud de la rue de la Convention.


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Sources

Rouleau (Bernard),  Villages et Faubourgs de L'ancien Paris. Histoire d'un espace urbain. Paris, éd. Seuil, 1985.