Les boulevards


Le « Nouveau Cours », créé sous Louis XIV à l’emplacement de l’enceinte bastionnée et, pour partie, de celle de Charles V (voir pages 74 et 75), est devenu, dès la fin du XVIIe siècle, un lieu de promenade des Parisiens. A la fin du siècle suivant, des hôtels particuliers se bâtissent dans sa partie ouest en limite de la Chaussée d’Antin tandis que l’est accueille théâtres et attractions populaires (Vauxhall d’été, bals, restaurants). Dans les années 1820, les boulevards commencent à concurrencer les galeries du Palais-Royal. 

Vue générale des théâtres du boulevard du Temple, avant le percement du boulevard du Prince-Eugène 1862. Martial Potémont. Musée Carnavalet.

 Détail des boulevards >

Le boulevard Montmartre au niveau du théâtre des Variétés et du passage des Panoramas, vers 1820.. Musée Carnavalet.>




Avec l’Opéra de la rue Le Peletier, les théâtres, les passages couverts, les cafés (café Riche, café Véron, café de Paris), les restaurants (Tortoni), les bains chinois, le boulevard des Italiens devient le centre des divertissements chics et élégants. Le commerce de luxe, en particulier de la mode, s’implante autour de la Bourse, rue de Richelieu et rue de Gramont. En 1828, les boulevards sont parcourus par la première ligne « d’omnibus[1] », voitures de transport public, « Madeleine-Bastille ». A partir de la fin du Second Empire, ce centre de la vie mondaine se déplace vers l’ouest, boulevards des Capucines et de la Madeleine, autour du nouvel Opéra, rue de la Paix et vers la gare Saint-Lazare avec les grands magasins qui font le bonheur des dames !

A l’est, sous la Restauration, le boulevard du Temple devient le « boulevard du crime » du fait des sombres mélodrames qui se jouent dans une demi-douzaine de théâtres. Les familles populaires viennent y applaudir la Tour de Nesle ou l’Auberge des Adrets. Les Enfants du Paradis de Marcel Carné et Jacques Prévert fera revivre ce boulevard. La plupart de ces théâtres disparaîtront avec l’agrandissement de la place du Château d’Eau (place de la République) et l’ouverture du boulevard Voltaire dus à Haussmann. La construction du Cirque d’Hiver ne compense pas ces disparitions. Les divertissements populaires se déplaceront vers les « boulevards extérieurs », ceux de l’enceinte des Fermiers Généraux, notamment place Clichy et au pied de la butte Montmartre. 



[1] Le terme « omnibus » semble provenir du nom du magasin « Omnes Omnibus » devant lequel stationnaient les voitures du transport public créé à Nantes au débute de 1828 (A. Fierro).



Les passages couverts

Les passages couverts apparaissent à Paris à la fin du XVIIIe siècle et vont se multiplier dans la première moitié du XIXe siècle. Ces galeries marchandes où on peut déambuler en toute tranquillité à l’écart de la circulation vont connaître un grand succès populaire. 

Le modèle dérive des arcades bordant les rues de certaines villes et, à Paris, des galeries du Palais Royal construites par Philippe d’Orléans et très fréquentées pendant la Révolution. Le premier passage couvert semble être le passage du Prado construit en 1785, refait vers 1830. Le passage du Caire résulte du lotissement du couvent des Filles-Dieu ; il est ouvert en 1798, en pleine campagne d’Egypte. En 1800, est créé le passage des Panoramas qui relie la rue Saint-Marc au quartier où s’est ouverte en 1791 la rue des Colonnes. Il intègre la galerie Saint-Marc et sera prolongé au nord du boulevard par les passages Jouffroy et Verdeau..

Les galeries du Palais Royal vers 1800. BnF Gallica >


La construction, en 1821, de la Salle Le Peletier pour l’Opéra entraîne l’ouverture du passage de l’Opéra. Quelques années plus tard, sont ouverts le passage Choiseul, longeant le théâtre des Italiens ouvert en 1826, et les galeries Vivienne et Colbert.

Couverts par des verrières et éclairés au gaz à partir de 1830, passages et galeries présentent une architecture et un décor de qualité (pilastres, frises, panneaux de boiseries ou en faux marbre, bas-reliefs…). La plus remarquable, avec les galeries Colbert et Vivienne, est la galerie Vérot-Dodat ouverte en 1826 par deux riches charcutiers Vérot et Dodat.

 




Les passages couverts entre le Palais Royal et les boulevards vers 1850  >
 


Tout ce secteur de Paris entre le Palais Royal et les boulevards devient, de la Restauration au Second Empire, le centre de l’animation commerciale de luxe, des théâtres, des cabinets de lecture et des cafés.

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Galerie Vérot Dodat ^


Passage de l’Opéra, galerie de l’Horloge. Vers 1866. Charles Marville.



Voir aussi 


Liens



Sources

Delage (Irène) et Prévot (Chantal), Atlas de Paris au temps de Napoléon, Parigramme 2014.

Delorme (Jean-Claude), Dubois (Anne-Marie), Passages couverts parisiens, Parigramme, 2014.

Joanne (Adolphe), Le guide parisien, Hachette, 1863, réédition 1981.