L'industrie à Paris

Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les activités industrielles à Paris impliquant d’importantes emprises foncières se limitent aux grandes manufactures royales : les Gobelins, la Savonnerie, la Manufacture de Glaces au faubourg Saint-Antoine (avec près de 1000 ouvriers) puis l’Hôtel de la Monnaie. L’industrie, notamment la métallurgie, se développe en province à proximité des mines, des cours d’eau ou au cœur des forêts. Dans la capitale, un tissu artisanal dense et de grande qualité existe depuis très longtemps, orienté vers le luxe grâce à la clientèle de la Cour et de la haute bourgeoisie.  Dans les quartiers du centre et au faubourg Saint-Antoine, les ateliers situés en rez-de-chaussée des habitations et dans les cours, restent discrets. Les activités les plus « nuisantes » pour le voisinage sont étroitement contrôlées par la police : tanneries et mégisseries de la Bièvre, équarrissage des animaux, boyauderies, fonderies de suif, fours à plâtre…

A partir de 1770, le développement de la chimie, sous l’impulsion des découvertes de Lavoisier, va permettre la création d’usines de production d’acides, de soude, de chlore, de gaz hydrogène… dont la plus importante est celle du comte d’Artois à Javel. La Révolution accélère l’industrialisation de Paris ; de nombreuses activités s’installent dans des couvents : les Bonshommes de Chaillot et les Carmes déchaussés deviennent filatures… Avec les guerres, la capitale devient « l’arsenal » de la France : fonderie de cloches dans l’île de la Cité, fonderie de canons au couvent des Célestins, fabrique de salpêtre dans l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, de poudre noire dans la ferme de Grenelle (cf. Grenelle). 

Napoléon 1er encourage l’industrie. Jean-Antoine Chaptal - à la fois ministre de l’intérieur (1800 – 1804) et capitaine d’industrie - fonde la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale en 1801 ; il est à l’origine de la première loi sur les pollutions industrielles (1810). Benjamin Delessert crée la première raffinerie de sucre de betteraves à Passy en 1801. Une bonne partie des industries des années 1800 -1850 transforment des déchets organiques et minéraux et fournissent les matières premières pour l’artisanat de la bijouterie, de l’orfèvrerie, de la tabletterie, du corroyage. L’industrie reste fortement intégrée dans la ville proche des artisans qu’elle fournit (Marais, faubourg Saint-Antoine). 

A partir des années 1820 le développement puis la généralisation de l’éclairage au gaz entraîne la construction d’usines à gaz réparties dans tous les quartier (usines de Montmartre, du Roule, du faubourg Poissonnière, de Grenelle, de Passy - à l’emplacement de la maison de la radio -, de Villejuif…), avec leurs gazomètres et leurs cheminées elles marquent le paysage et sont très polluantes.

                                                             L'usine à gaz de Grenelle >


La manufacture de tabac
du Gros Caillou 


En 1792, 
Charles François Phélippon implante une manufacture de tabac dans l’île des cygnes, en bordure de Seine. Grace au monopole institué sous l’Empire, cette manufacture se développe rapidement dans la première moitié du xixe siècle et devient l’une des plus importantes usines de Paris. En 1870, elle emploie près de 2 000 ouvriers, en majorité des femmes, et fournit le tiers de la production française de cigarettes et de cigares. Le gros Caillou est alors un quartier populaire avec de nombreuses entreprises.La Manufacture de tabac du Gros-Caillou ferme en 1950 et le quartier s’embourgeoise.
 

 


L’ouverture en 1826 du canal Saint-Martin et du canal de Saint-Denis puis le développement du réseau ferré vont attirer à leur proximité entrepôts, usines et ateliers divers

 Dans la seconde moitié du XIXsiècle, l’artisanat et l’industrie fine se diffusent dans les quartiers périphériques alors que de grandes usines chimiques, métallurgiques et mécaniques s’installent le long de la Seine, quai de la Rapée, quai de la Gare, quais de Javel et de Grenelle et en limites d’urbanisation : rue de Clichy, les Ateliers des Batignolles emploient 2000 ouvriers à la fabrication de locomotives en 1856. Les emprises les plus importantes se trouvent autour du bassin de La Villette et dans le nord de la capitale où une très vaste zone industrielle se poursuit à la plaine Saint-Denis sur les communes de Saint-Denis et d’Aubervilliers. 

< L'industrie à Paris en 1900

La carte ci-dessus montre les grands emplacements industriels parisiens. Les petits ateliers intégrés dans les quartiers d’habitation n’apparaissent pas, ils constituent néanmoins une part très importante de la production industrielle, souvent en sous-traitants de grandes entreprises. En cœur d’îlots, on trouve ainsi des cours, et des passages dédiés à l’industrie (passage de la fonderie, cour des fabriques, cité de l’industrie…) mêlant ateliers et habitations.


^ La gare de Lyon et l’usine électrique du métropolitain 1900

La statue de la Liberté rue Chazelles en 1879 > 




  Rue des Immeubles industriels (11e)

Cette rue ouverte en 1873 comporte 19 immeubles identiques à usage industriel et artisanal. Au sous-sol d’un immeuble au situé au milieu de la rue, une machine à vapeur de 200 CV construite par les fonderies Cail et Cie fournit l’énergie nécessaire aux 230 ateliers du rez-de-chaussée et de l’entresol. Les étages supérieurs sont affectés à des logements qui étaient pourvus de tout le confort possible à l'époque. La majorité des locataires sont des ébénistes et des fabricants de meubles.

En 1881 lorsque la chaussée est cédée à la ville, la population atteint près de 2 000 habitants
.



Voir aussi

Le faubourg Saint Antoine, La Villette


Liens




Sources

Le Roux (Thomas), Les Paris de l’industrie, Créaphiséditions, 2013.