Les hôtels particuliers
L’hôtel particulier est une demeure urbaine luxueuse occupée à l'origine par un unique propriétaire (et sa domesticité) par opposition au palais, habité en principe en France par un prince de sang, et à l’hôtel de rapport dont les chambres ou appartements sont loués ou vendus à des particuliers. Le terme d’hôtel apparaît au Moyen Age pour désigner la résidence de grands seigneurs ; il devient courant au XVIIe et s’applique aussi aux demeures de financiers et de riches bourgeois.
La possession d’un hôtel particulier est un signe de richesse et de prestige pour son propriétaire. L’archétype de l’hôtel particulier à partir du XVIIe s. est l’hôtel entre « cour et jardin » dans lequel l’habitation se situe au fond d’une cour dont les côtés accueillent les services (écuries, remises, communs, logements du personnel) et dont la façade arrière donne sur un jardin. Sur la rue, la cour est fermée par un mur écran de part et d’autre d’un portail monumental parfois flanqué de pavillons. Ce modèle est très différent du palais romain contemporain – édifice monumental sur rue construit autour d’une cour à portique. Il donne lieu à de très nombreuses variantes en fonction du rang et des moyens du propriétaire mais aussi de la forme du terrain.
L’Hôtel de Beauvais
Cet hôtel est construit en 1655, rue François Miron, par Antoine Le Pautre pour Catherine Bellier, épouse de Pierre de Beauvais et première femme de chambre de la reine Anne d'Autriche. Il est remarquable pour l’habile utilisation d’un terrain exigu et de forme irrégulière. Le Pautre a su y inscrire à rez-de-chaussée écuries, remises et commerces et, à l’étage, pièces de réception et galerie donnant sur un petit jardin suspendu ainsi qu’une chapelle en fond de parcelle.
L’hôtel est modifié au XVIIIe s. pour la famille Orry par Robert de Cotte. Au XIXe, il est transformé en immeuble de rapport, la façade sur rue est surélevée.
Façade et plans de l'hôtel de Beauvais. L'Architecture française. Gravure de Jean Marot, BnF Gallica |
L’Hôtel de Lionne
Construit en 1661 par Louis Le Vau (architecte) et Michel Villedo (entrepreneur) pour Hugues de Lionne, ministre d’Etat de Louis XIV pour les Affaires Etrangères, son plan est caractéristique de l’hôtel entre cour et Jardin. Situé rue des petits Champs, proche du Louvre, de l’hôtel de Mazarin et de celui de Louvois, il est détruit en 1827.
Hôtel de Lionne-Pontchartrain Façade sur jardin ^ plan du rez-de-Chaussée > BnF Gallica. < Plan Jaillot 1775 |
L’Hôtel de La Vrillière ou de Toulouse
Façade sur rue Gravure de Marot, BnF . | Plan du premier étage. Bnf | Façade sur jardin. BM de Reims |
Voir l'hôtel de Chevreuse puis de Luynes au faubourg Saint-Germain.
L’hôtel Amelot de Gournay
L’hôtel Amelot de Gournay est, avec les hôtels de Torcy et de Seignelay (78 et 80 rue de Lille), représentatif des activités d’architecte et de spéculateur de Germain Boffrand au faubourg Saint-Germain. Il achète les terrains en 1710 et 1712 rue Saint-Dominique, engage la construction de l’hôtel et le vend au diplomate Amelot de Gournay qui s’y installe en 1717. Construit sur un petit terrain, il est remarquable pour sa cour ovale. Cet hôtel est actuellement occupé par une ambassade, 1 rue Saint-Dominique.
< Coupe sur la cour. Germain Boffrand, Livre d’Architecture, 1745. | |
^ Plan University at Buffalo, libraries, digital collection. < Situation de l'hôtel de Gournay rue Saint-Dominique |
L’hôtel Thélusson
Dans les années 1770, Claude-Nicolas Ledoux, construit plusieurs hôtels dans le quartier de la Chaussée d’Antin.L’hôtel Thélusson est le plus étonnant et le plus somptueux. Commandé par la veuve d’un riche banquier suisse associé de Necker, M. Thélusson, il est caractéristique d’une architecture néo-classique pittoresque. L’entrée, côté jardin, est signalée par un imposant arc de triomphe ; le salon en rotonde semble posé sur un rocher. Achevé en 1778, il est démoli en 1826 par le prolongement de la rue Lafitte.
^Hôtel Thélusson. Jean-Baptiste Lallemand c. 1800. BnF < L'hotel de Thélusson sur le plan Vasserot c 1820Plan, coupe et façade sur rue de Provence Krafft et Ransonette. RMN > |
L’évolution de l’implantation des hôtels de 1450 à 1790
Les cartes de l’évolution de la localisation des hôtels mettent en évidence, d’une part, leur implantation - en règle générale - en limite d’urbanisation, là où se trouvent de grands terrains, et, d’autre part, le glissement vers l’ouest à partir de la fin du XVIIe siècle.
Voir aussi
Le Marais, le faubourg Saint Germain, le quartier Richelieu, le faubourg Saint Honoré, la Chaussée d'Antin
Liens
Sources
Gady (Alexandre), Les hôtels particuliers de Paris du Moyen Age à la Belle Epoque, Parigramme, 2011.